Elevage



Conduite de l'élevage bovin
 
Avec la mise en place du plan laitier, on observe actuellement sur le terrain une juxtaposition des systèmes bovins. Ces systèmes peuvent être différenciés en fonction de trois paramètres:
  • le calendrier alimentaire avec en particulier la place relative des fourrages, des sous-produits de l'agriculture et des aliments concentrés dans la couverture des besoisn du cheptel;
  • la structure génétique du troupeau qui peut être définie par les pourcentages respectifs des races locale, croisée et améliorée pure, ainsi que leurs niveaux de production;
  • la possibilité de commercialisation du lait qui fait que celui-ci est vendu ou au contraire il sert les besoins d'autoconsommation humaine et animale (Productions fourragères et systèmes animaux, Guessous; 1991).
En effet, on distingue trois principaux systèmes bovins:
             A- le système bovin laitier en irrigué;
 
C'est le système le plus intensif, à base de races Pie Noire, Holstein et de croisées. On le rencontre dans les régions irriguées par eau de barrage ou par petite et moyenne hydraulique. On le trouve dans les zones d'action des ORMVA et dans les régions bour où l'irriguation est possible. Sa première finalité est la production du lait qui est mis en vente systématique (Production et utilisation des cultures fourragères au Maroc, Günter et Bounejmate; 1997).
Ce système est caractérisé par:
- l'existance d'une production fourragère qui couvre une part plus au moins importante des besoins du cheptel allant de 40 à 60%; qui constitue l'essentiel de l'alimentation de l'élevage;
- la prédominance des races améliorées (56,2% de l'effetif);
- l'intégration au réseau de commercialisation du lait (MADRPM/DE).

             B- le système bovin mixte;  

C'est un système intermédiaire entre les systèmes bovins laitier en irrigué et bovin allaitant en bour et comme son nom l'indique, il est orienté vers la production laitière, mais aussi vers la production de viande. Il se fonde sur les races améliorées, croisées et locales en proportions variables selon la régions (Productions fourragères et systèmes animaux, Guessous; 1991).
Ce système prédomine dans les zones bours favorables et intermédiaires, zones de P.M.H, dans la périphérie des périmètres irrigués et des grandes agglomérations. Il est caractérisé par la diversification des ressources alimentaires (jachères, paille, chaumes, sous-produits d'agro-industrie, ...). Les sous-produits de l'agro-industrie et les aliments concentrés (orge, maïs, ...) sont largement utilisés (30 à 50% des besoins du cheptel) (MADRPM/DE).


             C-le système bovin allaitant:

C'est un système basé sur l'exploitation quasi exclusive de vaches de race locale dont la finalité première n'est pas la vente du lait mais la production de jeunes bovins engraissés ou prêts à l'être. C'est le système typique des régions bour où l'activité principale est la céréaliculture d'automne (blé, orge) et de printemps (maïs). On le rencontre également dans les périmètres irrigués dans les exploitations qui n'ont pas encore eu les moyens d'acquérir des femelles laitières de races croisées ou améliorées pures (Productions fourragères et systèmes animaux, Guessous; 1991).

 
Nous aborderons la conduite d'élevage bovin en traitant les points suivants:


I- Alimentation

L'analyse de l'évolution du bilan fourrager national durant les 10 dernières années fait apparaître une modification importante de la structure des apports exprimés en UF (Unité Fourragère). Ainsi, l'apport des cultures fourragères dans ce bilan a progressé de 73%, celle des sous produits de l'agro-industrie de 38%. De même la part des grains a connu un progression de 35% (MADRPM/DE).
Cette tendance à l'amélioration des ressources alimentaires s'est effectuée au dépend des parcours naturels dont la contribution a connu une diminution progressive, surtout chez l'élevage à vocation laitière (MADRPM/DE).
Parallèlement à ces transformation, le niveau d'utilisation des aliments composés pour bovins, qui constitue un indicateur du progrès réalisé en matière de conduite alimentaire du cheptel, a connu une augmentation régulière. Ainsi, la production totale de ces aliments a dépassé actuellement 100.000 T/an, elle était de 14.000 tonnes en 1993 (MADRPM/DE).
On traitera la conduite alimentaire du cheptel bovin par système:

                 le système bovin laitier en irrigué; 

Le calendrier alimentaire de ce système se caractérise par l'existence d'une culture fourragère principale destinée aux vaches laitières et aux jeunes bovins. Selon les régions, il s'agit soit du bersim soit de la luzerne (Productions fourragères et systèmes animaux, Guessous; 1991).
1. Cas du bersim comme culture fourragère principale:
Le bersim constitue la culture fourragère principale dans des régions telles que le Gharb, le Loukkos et dans une moindre mesure les Doukkala.
Son exploitation peut commencer dés le mois d'Octobre, mais ne devient importante qu'à partir du mois de Décembre. Quand il est cultivé en dérobé, son utilisation s'arrête en Mars pour permettre l'installation d'autres cultures (riz au Gharb, arachide au Loukkous, coton au Tadla ...). En culture principale, il peut être fauché jusqu'à début Juin, période où la plante atteint son stade reproducteur (chute de la qualité nutritive).
Dans les systèmes fourragers dominés par le bersim, on observe un manque de production fourragère pendant la période estivale et le début de l'automne.
Certains éleveurs font appel au maïs fourrage et au sudan-grass pour combler le calendrier alimentaire, mais leur proportion reste faible. Le maïs fourrage est souvent exploité en ensilage, alors que le sudan-grass est presque toujours utilisé directement en vert. Dans le Gharb, par exemple, 57% seulement des étables soumises au contrôle laitier ont recours à une culture fourragère estivale.
D'autres éleveurs font appel à partir de Juin à la luzerne ou utilisent le foin ou l'ensilage de vesce-avoine, pois-orge ...produits en sec. D'autres s'intéressent au ray gras d'italie, qui offre la possibilité de stockage en foin ou en ensilage d'une partie de sa production printanière, et à la betterave sucrière (Productions fourragères et systèmes animaux, Guessous; 1991).
2. Cas de la luzerne culture fourragère principale:
La luzerne constitue la principale production fourragère des élevages laitiers en irrigué dans le Tadla, le Haouz, le Souss-Massa, la Basse Moulouya, le Tafilalet et le Drâa. Dans ces régions, elle a l'avantage de pousser sur une longue période de l'année pouvant aller de Mars à Octobre et une partie de la production est préservée sous forme de foin.
Dans ces régions, l'automne et l'hiver correspondent généralement à une période de pénurie fourragère à laquelle les éleveurs tentent de remédier par la production du bersim et/ou par une production fourragère printanière et estivale du type orge fourragère, vesce-avoine, maïs fourrager... (Productions fourragères et systèmes animaux, Guessous; 1991).


             le système bovin mixte;


Le calendrier alimentaire de ce système se caractérise par l'existance de plusieurs phases contrastées:
- une période de pâturage des chaumes (Juin-Août) suivie d'une longue période d'utilisation des pailles (Séptembre-Mars);
- une période d'exploitation de la jachère (Décembre-Mars), de l'orge déprimée (Janvier-Février);
- des périodes courtes d'utilisation de certains sous-produits: désherbage des céréales, feuilles et collets de betteraves, sous-produits du maraîchage, de la culture du maïs...;
- une phase généralement limitée de distribution de fourrages verts qui varie avec les régions et les espèces fourragères;
- une période de distribution du foin de vesce-avoine ou d'autres associations similaires qui va de pair généralement avec la distribution de la paille;
- utilisation plus ou moins régulière d'aliments concentrés incluant: son, pulpe de betterave, mélasse, orge, féveroles... Le pic de consommation de ces aliments se situe en automne-début de l'hiver (Productions fourragères et systèmes animaux, Guessous; 1991).

 
                le système bovin allaitant:


  • Système bovin allaitant
Le calendrier alimentaire diffère selon les régions. En effet, dans les régions bours il est dominé par les sous-produits de la céréaliculture. Tandis que dans les périmètres irrigués, le calendrier alimentaire des bovins allaitant est trés proche de celui des bovins laitiers (Productions fourragères et systèmes animaux, Guessous; 1991).
1. Cas des régions bour :
Dans ces régions, le calendrier alimentaire est dominé par les sous-produits de la céréaliculture:
- chaumes entre Juin et Octobre;
- paille de céréales entre Séptembre et Mars, quelques fois plus longtemps;
- déprimage en Janvier-Février;
- désherbage entre Février et Avril.
La jachère qui immobilise entre 10 et 30% de la SAU est pâturée entre Janvier et Mai. Dans certaines régions, le parcours occupe 5 à 6 mois du calendrier alimentaire.
Les fourrages, cultivés en sec, appartiennent à plusieurs espèces:
- les mélanges céréales-légumineuses qui sont conservés en foin et utilisés en période difficile entre Septembre et Mars en association avec la paille et les aliments concentrés;
- l'orge fourragère qui a l'avantage en cas de pluies d'automne précoces de fournir une production fourragère de qualité dés le mois de Décembre. Son exploitation peut durer jusqu'en Avril comme elle peut cesser plut tôt pour permettre une récolte de grains;
- le seigle exploité comme l'orge fourragère, mais qui présente l'avantage d'une plus grande précocité;
- le bersim qui, dans les régions à pluviométrie supérieure à 450 mm, peut produire 3 coupes entre Janvier et Avril;
- les Medicago annuelles introduites dans les régions céréalières en substitution à la jachère pour être pâturées entre Janvier et Mai (Productions fourragères et systèmes animaux, Guessous; 1991).
2. Cas des périmètres irrigués :
Ce cas peut être illustré par l'exemple du Tadla où le calendrier alimentaire des bovins allaitants est trés proche de celui ddes bovins laitiers. On y trouve les périodes alimentaires suivantes :
- luzerne verte entre Mars et Octobre;
- foin de luzerne entre Octobre et Février;
- paille tout au long de l'année et chaumes en été;
-.parcours et jachères quelquefois utilisés entre Février et Avril;
- aliments concentrés entre Septembre et Avril.
Les principales différences avec le système des bovins laitiers en irrigué résident en fait dans une utilisation un peu plus fréquente des terrains de parcours et de la jachères et dans la contribution respective des différentes ressources alimentaires à la couverture des besoins annuels de l'unité zootechnique (UZ) (Productions fourragères et systèmes animaux, Guessous; 1991)



 II- Reproduction
  • La puberté
La puberté correspond au moment d’apparition chez l’animal des caractéristiques qui le rendent apte à se reproduire. Chez la femelle, ceci correspond à l’apparition des premières chaleurs et chez le mâle, à la production de spermatozoïde.
L’âge à la puberté des bovins est conditionné par un ensemble de facteurs liés à la race de l’animal, à l’alimentation, au mode d’élevage… La puberté des bovins laitiers est donnée par le tableau suivant (Revue professionnelle de l’ANEB, Juillet 2003):
Sexe
Age moyen à la puberté
Age moyen pour la mise à la reproduction
Femelle
9 – 12 mois
14 – 20 mois
Mâle
7 – 12 mois
15 – 18 mois
Nos éleveurs mettent leurs génisses à la reproduction à partir de 15 mois et la majorité à 18 mois.
  • Le cycle oestral
Le cycle oestral de la vache est normalement indépendant des saisons, il se renouvelle en moyenne tous les 21 jours (des cycles de 18 à 24 jours peuvent être considérés comme normaux). Notant que, chez la génisse la durée moyenne est plus courte, elle est de 19 jours (Revue professionnelle de l’ANEB, Juillet 2003).
Chez les bovins, le cycle oestral se caractérise par un ensemble de manifestions physiologiques et comportementales (les chaleurs) qui précédent l’ovulation (Revue professionnelle de l’ANEB, Juillet 2003).
Les chaleurs sont de courte durée (12 à 18 heures), l’ovulation a lieu après le fin des chaleurs (8 à 12 heures) (Revue professionnelle de l’ANEB, Juillet 2003).
  • La détection de chaleurs
La période des chaleurs correspond à la phase du cycle au cours de laquelle la femelle attire le mâle et accepte l’accouplement (Revue professionnelle de l’ANEB, Juillet 2003).
  • La saillie
Au Maroc, la saillie des vaches se fait soit, par monte naturelle, soit par insémination artificielle. La première méthode est peu utilisée, mais encore existante (Revue professionnelle de l’ANEB, Juillet 2003).
  • Le vêlage
Le vêlage peut être assisté ou non par un vétérinaire. Dans la majorité de nos élevages il se passe sans l’intervention du docteur vétérinaire, mais en cas de problèmes (anomalies ou difficultés d’expulsion du fœtus) il est appelé d’urgences (Revue professionnelle de l’ANEB, Juillet 2003).
  • Le post partum
La période qui sui le vêlage, ou post partum, se caractérise par des événements importants (Revue professionnelle de l’ANEB, Juillet 2003):
- l’élimination des lochies (écoulements vulvaires d’origine utérine) qui dure 2 à 3 semaines
- l’involution de la matrice
- reprise de l’activité ovarienne (cyclicité)



    III- Logements


Les types de stabulation observés dans les élevages marocains sont de deux types, à savoir, la stabulation libre et la stabulation entravée:
  • La stabulatioon libre: les vaches sont libres tout le temps, leur alimentation est collective. Au moment de la traite, elles sont sont conduites vers la salle de traite conventionnelle où l'animal reste libre, ou alors vers une étable ayant la structure des étables destinées à la stabulation entravées où les vaches sont attachées le temps de la traite.
Source : MADRPM/DE
  • La stabulation entravée: les vaches sont immobilisée à l'étable. Elles y sont alimentées de manière individuelle et sont traites sur place à l'étable (mémoire de 3ème cycle "Situation de la traite mécanique des bovins au Maroc"; 1997, rapporteur: Pr.El Himdy).
Source : MADRPM/DE
Le niveau de stabulation a connu une progression significative, signe de modernisation de la production. Selon les données du bilan du code des investissements agricoles, environ 170 étables ont été financées chaque année; le cumul depuis 1980 s'élève à 2400 unités (Présentation de la filière lait; MADRPM/DE-2005).
Ce chiffre ne reflète pas réellement le nombre d'étables dites "modernes" construites pendant cette période, mais il constitue un indicateur de tendance vers la rationalisation du système de conduite de l'élevage performant dont l'habitat (Présentation de la filière lait; MADRPM/DE-2005).
Les étables sont généralement construites en briques et en béton armé (mémoire de 3éme cycle "Relations entre les systèmes de productions bovines et les caractéristiques du lait"; 2002, présenté par MR.Essalhi).


         IV- Maladies

Les dominantes pathologiques des bovins au Maroc sont :
  • Les maladies courantes:
  1. Les maladies de l'appareil reproducteur et de la mamelle: les mammites et les métrites;
  2. Les maladies de l'appareil locomoteur: les dermatites interdigitée et les panaris;
  3. Les maladies de l'appareil respiratoire: les branchopneumonies;
  4. Les maladies de l'appareil digestif: les gastro-entérites chez l'adulte, la météorisation et les diarrhées néo-natales;
  5. Les maladies de la peau et des phanères: la gale et la teigne;
  6. Les maladies de l'appareil circulatoire(sang): la theleiriose et la babesiose(piroplasmose).
  • Les maladies réputées légalement contagieuses(MRLC):
  1. Charbon symtômatiques
Pour lutter contre ces maladies, différentes actions sanitaires sont entrepris. On parle de la protection sanitaire du cheptel.